Coloration histologique: hématéine - phloxine - safran (HPS)
La coloration hématéine - phloxine - safran est moins utilisée que l'hématéine - éosine, mais demeure une coloration de routine de référence. Elle offre un meilleur contraste entre les différents éléments tissulaires en isolant le collagène, et sa confection n'est pas beaucoup plus complexe; ce qui limite le plus son utilisation est son coût, le colorant au safran étant plutôt onéreux.
Peau:
La peau est un organe où le pouvoir de différentiation de la coloration HPS montre bien sa valeur, avec ses fibres conjonctives abondantes et ses couches complexes de composition variée:
L'épiderme: Un épithélium squameux stratifié kératinisé, lui-même divisé entre plusieurs couches:
Couches de maturation: Ces cellules en division active apparaissent en bleu foncé à cause de leur gros noyau. Elles passent par plusieurs étapes de transformation en migrant vers la surface:
- la couche basale est fixée à la lame basale (invisible sous coloration de routine) et est composée d'une seule couche de cellules cubiques, elle se divise activement;
- les cellules de la couche épineuse se rétractent lors de la circulation, laissant des projections pointues là où elles sont fixées par leur desmosomes. Cette forme est donc un artefact, mais elle est utile pour distinguer les couches de maturation;
- la couche granuleuse se distingue par des grains visible de kératokyaline, un précurseur de la kératine. Les cellules meurent à la fin de cette étape;
- la couche claire est là où la kératine se polymérise. Elle ne s'observe que dans la peau épaisse;
- les mélanocytes se trouvent dans l'épiderme, elles sont plus grosses que les kératinocytes et de forme étoilée. Elles forment des projections pour livrer les granules de ménanine brunâtres aux cellules en développement les entourant.
Couche cornée: En rose vif: une couche épaisse de cellules épithéliales kératinisées. Ces cellules sont mortes, mais remplissent une fonction importante, celle d'une barrière imperméable contre les agressions physiques et chimiques.
Le derme: la richesse du derme en fibres de collagène donne la coloration jaune qui domine dans cette coupe. Le derme donne la solidité et la flexibilité de la peau, il se divise en deux couches:
la couche papillaire: une couche relativement mince de tissu conjonctif lâche aréolaire, hautement vascularisée. Elle forme des papilles (surface bosselée) dont le sommet comprend de nombreuses cellules de Merkel, qui participent à la perception.
la couche réticulaire: une couche très épaisse, variable selon l'épaisseur de la peau, composée de tissu conjonctif dense et inclut de grosses fibres élastiques, qu'on voit en rose dans la partie plus profonde du derme.
On a peu de chances de voir toutes les annexes cutanées dans une coupe, contrairement aux illustrations de la structure de la peau qu'on voit dans les livres d'anatomie, l'épaisseur de la peau est une structure tridimensionnelle et on aurait bien de la chance d'y voir plusieurs éléments parfaitement alignés. Sur cette lame, on ne voit que la section ovale et bien rose du muscle érecteur d'un poil.
Les uretères sont les conduits qui connectent les reins à la vessie. Leurs tuniques ont une organisation similaire à celles de la vessie:
- La muqueuse, couverte d'un épithélium spécialisé, l'urothélium, aussi dit transitionnel. La forme irrégulière des cellules permet une déformation extrême. Les nombreux noyaux donnent à cette couche une coloration bleu foncé. Le chorion apparaît en rose fuchsia. Il comprend un tissu conjonctif lâche et des vaisseaux sanguins;
- La musculeuse, qu'on voit ici en un rose violacé. Les muscles sont disposés en trois couches et assistent au mouvement de l'urine vers la vessie. La troisième couche devient plus distincte dans le segment inférieur de l'uretère, où sa structure devient plus similaire à celle de la vessie;
- L'adventice, une couche de tissus conjonctifs qui connectent l'uretère aux tissus environnants; on voit une couche de collagène en jaune, puis des adipocytes. Il est normal qu'une adventice contienne des cellules graisseuses.
Utérus:
Ce spécimen ne montre que le myomètre, l'épaisse couche musculaire de l'utérus. Vu la robustesse de cet organe, on ne verrait pas toutes les tuniques sur la même coupe. Le myomètre est divisé en trois couches de muscles anastomosées, c'est à dire qu'elles sont interconnectées. Malgré une nature musculaire, on voit une structure complexe, soutenue par des réseaux de fibres conjonctives. Les fibres sont agencées en trois dimensions, on en voit certaines en section longitudinales, montrant leur forme allongée et noyau ovale, et d'autres en section transversales, où elles ont plutôt l'air rondes et petites.
L'intérieur de l'utérus est bordé de l'endomètre, une structure complexe et dynamique différente d'une muqueuse, tandis que sa surface extérieure est une séreuse, qui permet le mouvement de l'organe relativement aux structures environnantes.
Prostate:
La prostate est composée de deux lobes chacun divisé en quatre lobules. Entre les deux, un isthme traversé par l'urètre. Chaque lobule se divise en une zone centrale, une zone périphérique et une zone de transition.
- Zone périphérique: glandes prostatiques principales;
- Zone centrale: glandes sous-muqueuses périuréthrales;
- Zone de transition: glandes muqueuses périuréthrales.
Les glandes ont toutes un épithélium cylindrique simple, mais leur forme se modifie entre les zones, ayant des canaux de plus en plus longs en approchant de la zone périphérique. La vascularisation comprend des sinus veineux, dont la forme est semblable à celle des glandes les plus larges, mais qu'on distingue habituellement facilement car la circulation préserve la position des globules rouges. Les glandes peuvent contenir des corps amylacés, des dépôts de protéines calcifiées qui se colorent fortement.
L'isthme est principalement fait d'un tissu musculaire et fibreux et une petite proportion de glandes.
Rein:
Le tissu rénal est en majeure partie constitué de néphrons, l'unité fonctionnelle du rein, serrés étroitement les uns contre les autres. Un néphron est composé d'un glomérule, ces boules contenues dans une capsule qui se détachent nettement sur ces images, et d'un long tubule replié sur lui-même, qu'on voit comme ces innombrables trous.
Le stroma n'est pas abondant, le rein étant plutôt protégé par sa capsule graisseuse et sa position abritée près de la colonne vertébrale. La coloration HPS ajoute peu de contraste à un tissu aussi pauvre en fibres de collagène, elle ne serait normalement pas une coloration de routine de choix pour ce tissu.
Une même coupe peut inclure plusieurs sections des néphrons, mais vu leur forme enchevêtrée, on ne peut pas suivre toute leur longueur sur un plan bidimensionnel. Chaque segment a sa morphologie et sa fonction propre:
- Glomérule: Un noeud de vaisseaux sanguins pressurisés par la résistance de l'artériole efférente, pour forcer les fluides à traverser leur membrane. Ils sont bordés de près par les podocytes de la capsule de Bowman, qui servent de filtre. Leur charge électrique repousse les protéines et autres grosses molécules qui ne doivent pas être éliminées. Le filtrat n'est pas encore de l'urine à cette étape. La coupe comprend parfois la macula densa, un groupe de cellules denses qui perçoivent la concentration en sel du filtrat et ajuste la constriction de l'artériole afférente pour contrôler la pression de filtration. Ce processus est essentiel pour contrôler la pression sanguine.
- Tubule contourné proximal: L'épithélium est simple et cylindrique, avec une bordure en brosse rarement visible sur une coloration de routine. Il fait un transport actif intense et ses cellules apparaissent en plus rosé à cause de leurs mitochondries abondantes. Il récupère les sels minéraux, le glucose et autres nutriments, et sécrète activement des déchets qui ne traversent pas le glomérule.
- Anse de Henlé: Un long segment du néphron plonge dans la médulla rénale, où un gradient de sodium est maintenu par transport actif. Sa fonction est de retirer le sodium et l'eau du filtrat, produisant une urine concentrée. Son épithélium pavimenteux mince facilite les échanges d'ions.
- Tubule contourné distal: L'épithélium est simple et cubique, sans bordure en brosse. Cette section achève la réabsorption de l'eau et du sel, en plus du calcium.
- Tube collecteur: Cette section connecte le néphron au bassinet, qui connecte le rein à l'uretère. Sa fonction est de collecter et évacuer l'urine. Les tubes collecteurs sont embranchés et drainent en moyenne six néphrons chacun. L'épithélium du tube collecteur est cubique simple, avec une surface bombée.
Cordon:
Les spécimens de cordon ombilical sont fréquemment traités en pathologie, mais c'est surtout leurs caractéristiques macroscopiques qu'on veut observer: la présence de deux artères et d'une veine bien saines et normalement formées. Microscopiquement, ils sont davantage d'utilité didactique et de contrôle de la qualité, car il s'agit d'un tissu mésenchymateux excellent pour observer les éléments d'un tissu de soutient:
- Collagène: en fibres courtes, peu orientées.
- Acide hyaluronique: la gelée de Wharton est particulièrement riche en glycosaminoglycanes, la substance fondamentale des tissus conjonctifs.
- Fibroblastes: les cellules responsables de la construction et de l'entretien des tissus conjonctifs.
Les vaisseaux sanguins, à la structure plus organisée, occupent le centre du cordon, et sa surface est bordée par un épithélium pavimenteux simple.
Pancréas:
Le pancréas est une glande amphicrine, c'est à dire qu'elle sécrète à la fois vers l'extérieur: des enzymes digestives, et l'intérieur du corps: des hormones.
Les glandes acineuses apparaissent comme de petites rosettes de cellules triangulaires disposées en petits cercles. Les cellules sont petites et foncées: la sécrétion d'enzymes pancréatiques (protéases, ribonucléases, amylase et lipase) requiert une activité métabolique intense, mais peu de volume. Les glandes se déversent dans les deux canaux pancréatiques, qui livrent leur suc au duodénum.
L'image centrale montre un îlot de Langerhans, plus pâle que le tissu environnant et d'une structure plus lâche: ses cellules sécrètent des hormones en direction des vaisseaux sanguins, elles n'ont pas besoin d'être organisées en canaux. Les cellules β, qui produisent l'insuline, tendent à être groupées au centre des îlots, et les cellules α (glucagon), δ (somatostatine) et F (polypeptide pancréatique), moins abondantes, se trouvent plutôt en périphérie.
Le stroma est lâche, le pancréas est soutenu par une mince capsule conjonctive dont les projections divisent l'organe en lobules.
Appendice:
L'appendice est une petite projection de l'intestin qui a longtemps été considérée comme inutile, mais dont on soupçonne maintenant une fonction immunitaire. Il n'est heureusement pas vital, car il doit communément être retiré pour le traitement de l'appendicite.
La muqueuse est riche en cellules caliciformes et organisée en cryptes. Son organisation est typique du côlon.
Le chorion contient d'abondantes cellules immunitaires, certaines organisées en follicules lymphoïdes qui traversent la muscularis mucosae.
Les fibres de collagènes et les deux couches musculaires de la sous-muqueuse sont bien visibles sur cette image. On y voit aussi les vaisseaux sanguins.
Finalement, la surface externe est bordée par une séreuse, une membrane conjonctive bordée par une couche de cellules mésothéliales.
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