Les cellules du lupus

 

Il est très rare d'observer la cellule L.E., une morphologie cellulaire associée au lupus érythémateux. Elle consiste en un neutrophile ayant phagocyté une autre cellule dont la chromatine a été altérée par un auto-anticorps anti-ADN. Le noyau occupe la plupart du volume et repousse le noyau du phagocyte vers sa membrane (margination), et la chromatine a un aspect lisse, sans aucune texture.
 
La cellule L.E. n'apparaît pas dans tous les cas de lupus. Autant ses symptômes sont variés, autant ses signes cliniques le sont aussi. Divers auto-anticorps peuvent causer la maladie, et ils affectent des tissus différents. Lorsque cette cellule est présente, elle peut être extrêmement rare, et le technologiste peut ne pas en rencontrer lors de la différentielle. La cellule ci-haut a été photographiée après avoir observé le frottis bien plus longtemps que pour une lecture normale, car le laboratoire avait été informé du diagnostic présumé, mais la plupart du temps, on ne travaille pas avec cette information, on ne l'aurait donc pas trouvée.

 Les photos suivantes proviennent d'un liquide synovial. Ce n'est pas un site où l'on s'attend normalement à trouver de telles cellules, mais chez ce patient, ils y étaient très abondants. Profitons-en donc pour observer les morphologies attendues et quelques variantes:
 
Deux cellules L.E. très typiques. Le noyau du phagocyte est repoussé par le gros noyau dégénéré qu'elle a englouti. La chromatine est vitreuse et pâle.
 

Celle-ci contient deux corps. Un noyau dégénéré typique, et une masse neutrophile qui pourrait être un second noyau à l'aspect moins typique, ou encore une masse de cytoplasme (corps apoptotique) relâché par la cellule mourante. Vu le processus de digestion en cours dans le phagocyte, on ne peut pas compter sur une morphologie nettement préservée.

Cette dégradation du contenu phagocyté s'observe dans certaines cellules L.E.: à gauche, le noyau s'est fragmenté. À droite, il a plutôt l'air condensé, picnotique.

Cet autre neutrophile a capturé un noyau présentant encore quelques mottes de chromatine; sa destruction par les auto-anticorps n'était pas complète au moment de son élimination.
 
Vu leur rareté, on ne compte pas sur les cellules L.E. pour diagnostiquer le lupus, et les tests de dépistage des auto-anticorps ont beaucoup plus de valeur dans l'investigation de cette maladie, mais le frottis sanguin a l'avantage d'être réalisé de routine, rapidement, et à faible coût. Il peut aussi permettre de dépister la maladie chez des patients dont la présentation clinique serait trop atypique pour orienter les tests diagnostics vers la recherche d'auto-anticorps.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

La cellule mésothéliale (vidéo)

Frottis sanguin: empreinte digitale

Hémolyse intravasculaire